Elaboration et rédaction d’un article

Savoir comment on lit pour savoir comment écrire

Avant de songer à écrire un article, il est utile de savoir comment un lecteur lit un journal, un magazine ou une revue spécialisée. Le processus peut se diviser en trois phases :

    La phase de découverte
La phase de la confirmation du choix
La phase de lecture

La phase de découverte. Le lecteur parcourt le document, le feuillète, et opère son choix de lecture. Car évidemment, il ne lira pas la totalité du journal, mais un quart ou un tiers de son contenu au maximum… Son oeil s’arrête inconsciemment sur ce qui se repère le mieux : d’abord l’image (bien avant le texte), car elle interpelle immédiatement les sens. L’image peut être une photo ou une infographie (schéma, courbes, carte, etc.). Ensuite la couleur : les études de lectorat montrent que le lecteur a l’impression d’une page plus riche en informations. Vient ensuite le titre, qui bien sûr apparaît en gros caractères, et vient donner du sens aux premières impressions visuelles.

La phase de la confirmation du choix. Après cette phase très “physique”, vient l’étape “intellectuelle”, celle du choix. L’attention du lecteur est retenue. Il a sélectionné les sujets qui l’intéressent, reste à le faire lire. A ce stade, ce sont le titre, les chapeaux, les intertitres, les encadrés ” tout ce qui se voit avant de se lire” qui seront décisifs. Ce sont ces éléments qui permettront au lecteur d’en savoir plus et de choisir cet article ou cette page, plutôt qu’une autre. Autre facteur déterminant : l’intérêt a priori pour une thématique ou rubrique particulière.

La phase de lecture. Maintenant que le lecteur a fait son choix, il se met à lire l’article. Encore faut-il retenir son attention. Rien ne l’empêche de commencer à lire… et de s’arrêter à la 6e ligne. Il faut donc écrire pour intéresser le lecteur.

Elaborer un article

Avant de rédiger, il est indispensable de se poser trois questions :

Que veut-on dire ? C’est la base. Ce que l’on veut dire doit pouvoir s’énoncer clairement. Si l’on ne parvient pas à l’exprimer en peu de mots, c’est que l’on ne sait pas précisément ce que l’on veut faire savoir… En termes journalistiques, c’est le message essentiel. Il répond aux questions de base du journalisme : qui ?, quoi ?, où ?, quand ?, comment ?, pourquoi ?

A qui ? Un même message essentiel peut être formulé différemment. Tout dépend du public du journal et de l’intérêt qu’on lui connaît pour tel type d’information. Ainsi, de même que le ton de “France Soir” est différent de celui du “Monde diplomatique”, on ne s’adresse pas à un lectorat de médecins dans les mêmes termes qu’à un lectorat “tout-venant”.

Comment ? Une même information pourra être traitée sous la forme d’une brève de quelques lignes ou d’un long article, ou encore d’un dossier constitué de plusieurs articles. Si on ne se pose pas ces questions de base, il est fort probable que le message ne sera pas reçu comme on aimerait qu’il le soit. Allons plus loin, et voyons la méthode pour lancer un article.

Comment lancer son article

Déterminer le sujet et l’angle. Avant tout, il s’agit de cerner le plus précisément possible le sujet, les questions auxquelles il faut répondre, et le type d’article. En faisant le tour de la problématique, on pose toutes les questions auxquelles il faudra répondre. à chaque question, une réponse. A chaque réponse, un article. A chaque article, un angle.

Exemple (fictif). Cas d’une étude sur les traitements de la maladie de Parkinson (c’est le sujet)

Une équipe de Grenoble montre qu’un nouveau traitement a des effets bénéfiques chez des patients atteints depuis plus d’un an par la maladie (c’est le message essentiel).

Pour traiter ce sujet, reprenons nos questions de base

Que veut-on dire ?
Ce qui est énoncé dans le message essentiel.

A qui ?
A des lecteurs professionnels pour les informer des détails de l’étude.

Comment ?
Plutôt que d’écrire un seul article volumineux sur la question, on peut, par exemple, concevoir le dispositif ci-après :

    un article principal sur le contenu de l’étude;
un schéma sur le mécanisme d’action du traitement;
un encadré “synoptique” sur les résultats de l’étude;
un encadré “fiche technique” sur le médicament mis au point (son nom, sa composition, ses effets secondaires, posologie, etc.);
un encadré sur l’équipe médicale qui a réalisé l’étude (quelques indications biographiques peuvent intéresser);
un encadré sur les traitements classiques.

Ainsi le sujet sera traité en six éléments : l’étude (le grand article), le schéma, et quatre encadrés. Chaque élément a un angle précis.

Préparer son plan. Comme n’importe quelle construction, un article est bâti en fonction d’un plan. Souvenons-nous que si le lecteur ne comprend pas où le journal veut en venir, il abandonne.
Reprenons notre exemple. Le plan du grand article peut être le suivant :D’abord : ce que l’étude apporte de nouveau. Ensuite, essayer de dégager des grandes parties, par exemple :

    comment les investigateurs ont abouti à ces résultats ;
leur méthode, l’hypothèse de départ ;
les perspectives ouvertes par ce traitement.

Rédiger et titrer son article

Rédiger l’article. Si le plan est bien construit, les mots pour le dire viennent aisément. Mais attention, un article n’est pas une thèse universitaire. C’est même le contraire. Retenons quelques principes qui peuvent aider dans la rédaction :

    Un article commence par le message essentiel. C’est impérativement le démarrage et surtout pas la conclusion. L’attaque d’un article doit être soignée, sinon le lecteur risque de ne pas poursuivre sa lecture ;
Le style doit être le moins austère possible. Pour y parvenir, on peut essayer d’illustrer à l’aide d’exemples ; de trouver un dicton, une maxime, un aphorisme, une citation cocasse ; de partir d’une anecdote ; de recourir aux comparaisons ou aux métaphores. Et veiller à expliciter sigles, termes techniques ou mots étrangers ;
Ne demandez pas trop d’effort au lecteur, faites des phrases courtes. Evitez les paragraphes de plus de cinquante mots, les phrases de plus de vingt mots, les mots trop longs (du langage ordinaire) de plus quatre syllabes ;

Titrer l’article. On l’a vu, le titre et ses auxiliaires (chapeaux, intertitres, légendes) sont fondamentaux. C’est par leur intermédiaire que le lecteur va comprendre de quoi il s’agit, comment se compose l’offre de lecture, et, in fine, choisir de lire ou de ne pas lire.
La “titraille” se compose des éléments suivants :

Le titre : L’entrée royale. Il doit être immédiatement compréhensible (contenir les mots-clés essentiels), communiquer au lecteur l’essentiel du message contenu dans l’article, et répondre à deux ou trois des questions de référence (qui ? quoi ? quand ? comment ? pourquoi ? …).

Le chapeau (ou accroche) : Le complément du titre. Il répond aux autres questions de base et surtout, incite à la lecture. Sur le modèle de la bande-annonce, il dévoile les éléments intéressants du papier.
Selon le sujet, elle sera volontiers :
– Polémique
– Interrogative
– Exclamative
– Provocatrice
– Insolente
A distinguer du résumé, qui dans des publications scientifiques, notamment, reprend les grandes lignes de l’article.

Les intertitres :
Une entrée de secours et un temps de repos pour l’oeil. L’inter peut être un simple élément d’aération du texte ou une tête de chapitre.

Les relances (ou exergues) : Des accroches supplémentaires pour relancer l’attention. Une ou deux phrases nerveuses (ou une citation) qui incitent à poursuivre la lecture et dévoilent le contenu d’une nouvelle partie de l’article.

Les légendes : Une entrée en soi. L’image (photo ou schéma) étant la première perçue, sa légende doit immédiatement expliciter ce qu’elle donne à voir.

Derniers conseils avant de remettre votre article

    Enregistrez bien la version approuvée ;
Editez une épreuve imprimée propre et lisible (caractère assez gros, double interlignage et marge) : le relecteur (rédacteur en chef, secrétaire de rédaction) pourra y porter des modifications ;
Signalez clairement la nature des éléments de titraille que vous proposez: surtitre, titre, accroche, chapeau (ou chapô), intertitres (inters), encadrés (ou hors-textes) ;
Relisez-vous, ou mieux : faites-vous relire ;
Respectez les longueurs qui vous sont commandées : traditionnellement, un “feuillet” représente 1500 signes (espaces compris).

santea.com

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